L’AQUACULTURE FAMILIALE UN OUTIL POUR L’AMELIORATION DU REGIME ALIMENTAIRE DE LA POPULATION RURALE AFRICAINE
L’élevage du poisson dans de petites exploitations familiales contribue à une meilleure utilisation des ressources disponibles, augmente la qualité nutritionnelle du régime alimentaire familial, génère des revenus supplémentaires en vendant une partie de la production et contribue au bien-être des familles. De plus contrairement à la production agricole, qui est beaucoup plus soumise à la saisonnalité en fonction des conditions climatiques, l’aquaculture est une source de nourriture plus prévisible et constante, disponible toute l’année.
La malnutrition reste l’un des principaux problèmes non encore résolus en Afrique. Actuellement, on reconnaît la contribution potentielle du poisson à la sécurité alimentaire ce qui a créé un atout pour le développement de l’aquaculture, ce secteur peut résoudre ce problème de la malnutrition comme, il peut générer des revenus supplémentaires pour l’économie familiale.
Il est toujours important de souligner qu’une expérience réussie de production de poisson pour la consommation propre stimule l’expansion de l’élevage, en ouvrant davantage de possibilités d’emploi pour la main-d’œuvre familiale (ou même contractuelle) et de génération de revenus, qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie des familles rurales, en réduisant la migration de cette main-d’œuvre vers les centres urbains.
Il y a donc plus qu’assez de raisons, et une grande opportunité, pour justifier la mise en œuvre d’un programme dans le continent Africain visant à stimuler la pisciculture dans les petites propriétés rurales. Et nous pensons que cela devrait également être envisagé par les décideurs politiques de l’aquaculture en Afrique.
L’aquaculture comme instrument de réduction de la faim et de la pauvreté dans le monde, sachant que le poisson est l’une des sources de protéines les plus équilibrées en acides aminés essentiels, il est riche en minéraux et en acides gras essentiels de grande importance dans l’alimentation humaine. Ainsi, sa qualité nutritionnelle et son importance pour augmenter la valeur nutritionnelle des régimes alimentaires des populations les plus démunies sont incontestables. Cependant, le poisson pêché aujourd’hui dans le continent, acheté des supermarchés et des poissonneries, est encore un produit peu accessible à la majorité de la population. Dans les zones rurales et fluviales, le poisson consommé provient généralement de la pêche locale ou d’une forme d’agriculture extensive.
Procédure d’identification des candidats potentiels pour la pisciculture familiale
Il existe aujourd’hui un large contingent de familles rurales qui ne peuvent pas obtenir de crédit, n’ont pas accès à la technologie et n’ont pas assez de capital pour mettre en place une infrastructure minimale pour la production de poisson (barrages, nurseries, réservoirs à filets, cages, etc.) et pour l’achat d’intrants de production (alevins, aliments pour animaux, etc.). Ils n’ont pas non plus une capacité de gestion suffisante ni une expérience préalable du travail associatif. Ainsi, lorsque ces familles ou producteurs sont encouragés à participer ou à gérer des entreprises de production intensive de poisson qui nécessitent des investissements, des fonds de roulement et des connaissances techniques, ils ne le font que s’il existe un sponsor, généralement une institution qui encourage l’entreprise, qui finance les infrastructures et les ressources pour le démarrage de la production et l’obtention de la première récolte. Ces producteurs, débutants et peu méfiants, seront invariablement confrontés à des difficultés générées par le manque de connaissances et de soutien technique efficace, la mortalité due aux maladies, la difficulté à fournir les alevins, l’utilisation d’aliments de mauvaise qualité, le vol de poissons, les déficiences des installations et des équipements, le manque de connaissance des circuits de commercialisation, entre autres. Les producteurs se découragent alors et les entreprises ne se maintiennent que tant que les sponsors fournissent des ressources. Lorsque ces ressources deviennent rares, les projets se désintègrent généralement ou finissent par être repris par un seul associé.
Les programmes visant à stimuler et à favoriser la pisciculture doivent échapper au schéma d’assistance pratiquement paternaliste qui a marqué plusieurs programmes d’encouragement au développement de l’agriculture familiale en Afrique. Il est nécessaire d’identifier les bénéficiaires qui ont réellement la capacité de mener à bien l’entreprise, sans créer de dépendance avec l’institution qui l’a promue. Ces familles et producteurs devraient ensuite être invités à participer à un programme de formation, qui consistera en une série de réunions où les aspects fondamentaux liés à la mise en œuvre et à la conduite de l’activité seront présentés et discutés (exigences de base du site pour la mise en œuvre de l’entreprise, stratégies pour la production de poisson à petite échelle en utilisant les ressources locales, concepts de base de la qualité de l’eau, alternatives pour la conservation et la commercialisation du poisson produit, concepts de base de la gestion de l’activité, entre autres questions). La participation des familles à ces réunions est le moyen d’évaluer l’intérêt réel du programme, et c’est une condition préalable pour que les familles reçoivent un soutien pour la mise en œuvre et le fonctionnement de l’entreprise (soutien à la construction des écloseries, acquisition des alevins et soutien technique périodique pour évaluer les résultats de l’entreprise). Un autre critère à prendre en compte lors de la sélection des familles et des producteurs est l’adéquation de la propriété à la mise en œuvre de l’entreprise, qui doit être vérifiée par le technicien chargé de la coordination des travaux. Le programme de formation servira de filtre pour les participants, restant, à sa fin, ceux qui sont réellement intéressés à faire avancer la production de poisson, soit pour la consommation propre de la famille, soit comme activité économique complémentaire sur la propriété. Les ressources du programme seront ainsi utilisées plus efficacement et les résultats plus expressifs.
