DES SOLUTIONS INNOVANTES EN MATIÈRE D’ÉNERGIES RENOUVELABLES POUR LA DURABILITÉ DE L’AQUACULTURE ÉGYPTIENNE
En Égypte, le secteur de l’aquaculture du tilapia a contribué de manière significative à l’alimentation et à l’activité économique, mais il est confronté à des défis, notamment liés au changement climatique. Face à ce problème, WorldFish et l’ambassade royale de Norvège ont lancé en juin 2023 le projet Centre pour les énergies renouvelables en aquaculture (CeREA) afin d’explorer des solutions d’énergie renouvelable sur quatre ans. Une étude préliminaire a révélé que la plupart des fermes aquacoles utilisent des pompes diesel et ne sont pas raccordées au réseau électrique, avec des investissements minimes dans des infrastructures permanentes en raison de baux à court terme. Si les éleveurs reconnaissent le potentiel d’économies des énergies renouvelables, les coûts d’installation les rebutent et privilégient les systèmes transportables. Les fournisseurs d’énergie renouvelable sont désireux d’apporter leur aide, mais doivent mieux comprendre les besoins de l’aquaculture, l’énergie solaire étant la technologie la plus couramment utilisée. D’autres options renouvelables, comme le biogaz et l’éolien, nécessitent des recherches plus approfondies, et des financements existent auprès des banques, de la microfinance et des ONG.
La croissance rapide du secteur de l’aquaculture du tilapia en Égypte au cours des dernières décennies a constitué une source importante de nutrition, de revenus et d’activité économique pour les fermes piscicoles, les usines d’aliments pour animaux et les communautés. Cependant, cette industrie essentielle est confrontée à de nombreuses menaces, notamment celles liées au changement climatique.
En juin 2023, WorldFish s’est associé à l’ambassade royale de Norvège au Caire pour lancer le projet Centre pour les énergies renouvelables en aquaculture (CeREA) afin d’affiner, de tester et de déployer à grande échelle des solutions innovantes en matière d’énergies renouvelables sur une période de quatre ans. Le projet a commandé une étude préliminaire afin d’identifier les facteurs critiques, de cartographier les principales parties prenantes et de recommander des opportunités d’adoption de technologies.
L’étude a collecté des données de terrain en interrogeant des pisciculteurs, des détaillants, des fabricants d’aliments pour animaux et d’autres parties prenantes importantes, telles que des entreprises de technologies des énergies renouvelables. Les données de terrain ont été compilées et analysées, ainsi que les résultats des groupes de discussion et des entretiens avec des informateurs clés (EIC).
L’étude préliminaire a mis en évidence que très peu de fermes piscicoles utilisent actuellement des technologies d’énergie renouvelable. La plupart des élevages dépendent de pompes diesel pour acheminer l’eau dans leurs bassins, et nombre d’entre eux ne sont pas raccordés au réseau électrique. Les investissements en capital dans les zones piscicoles égyptiennes sont limités, car les terres sont généralement louées pour de courtes durées et les éleveurs sont dissuadés de construire des structures permanentes. Les éleveurs comprennent généralement le potentiel des énergies renouvelables pour réduire leurs coûts d’exploitation, mais s’inquiètent des coûts d’installation des systèmes d’énergie renouvelable. La courte durée des baux les incite également à privilégier des systèmes transportables, déplaçables sur un nouveau site si nécessaire.
Les fournisseurs de solutions d’énergie renouvelable souhaitent proposer des technologies adaptées, mais manquent d’informations de base sur le secteur de l’aquaculture. Leur système le plus répandu en Égypte est l’énergie solaire pour le pompage de l’eau. D’autres technologies, comme le biogaz, l’éolien et l’hydrogène, nécessiteraient davantage de recherche. Des financements pourraient être accordés aux technologies vertes par l’intermédiaire des banques et des institutions de microfinance existantes, tandis que les ONG pourraient également jouer un rôle.
La principale conclusion de l’étude est qu’il existe des arguments clairs en faveur d’une utilisation accrue des énergies renouvelables dans l’aquaculture égyptienne. Celles-ci pourraient également réduire considérablement l’empreinte carbone du secteur. Cependant, les investissements en capital dans les fermes piscicoles égyptiennes sont très faibles en raison de la courte durée des baux. L’espace disponible pour le déploiement de panneaux solaires est également limité, tandis que l’accès à une alimentation électrique renouvelable nocturne nécessiterait des investissements supplémentaires dans les systèmes de batteries.
Des entreprises fournissant des technologies solaires et de batteries, ainsi que des institutions financières, sont déjà présentes en Égypte, mais elles doivent mieux comprendre les besoins spécifiques du secteur. L’étude soutient le projet de test en exploitation de diverses technologies d’énergie renouvelable afin de plaider en faveur d’une adoption plus large par le secteur.
Les femmes travaillant dans la vente au détail et la transformation de la chaîne de valeur rencontrent des difficultés pour transporter et commercialiser le poisson. L’étude suggère que l’utilisation d’un distributeur solaire portable équipé d’une glacière/congélateur pourrait atténuer certaines de ces difficultés.
L’étude a recommandé les dix solutions d’énergie renouvelable les plus prometteuses, commercialement viables, transformatrices en termes de genre et respectueuses du climat pour la chaîne de valeur de l’aquaculture égyptienne, accompagnées d’un classement. Ces solutions visent à améliorer les performances, à renforcer la résilience et à réduire les émissions de GES.
Source : Baioumi A, Dickson M, Nasr-Allah AM and Fathi ME. Innovative renewable energy solutions for the sustainability of Egypt’s aquaculture. Penang, Malaysia: WorldFish. Working paper: 2024-86.