AMELIORER LA RETENTION DES NUTRIMENTS DES ALIMENTS AQUACOLES POUR LA DURABILITE DE L’AQUACULTURE

L’industrie de l’aquaculture est critiquée pour sa dépendance aux poissons sauvages comme aliments, ce qui a incité au développement de mesures telles que Fish In: Fish Out (FIFO) pour évaluer l’efficacité des apports de poisson. Cependant, le FIFO ne tient pas compte de la rétention des nutriments essentiels, en particulier des acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga-3 (LC-PUFA), dans les produits aquacoles finaux. Ce document présente le ratio FIFO des nutriments (nFIFO) pour mieux mesurer la rétention des nutriments des ingrédients marins (IM) en aquaculture, en se concentrant spécifiquement sur la rétention des LC-PUFA dans le saumon d’élevage, qui s’est avérée être en moyenne de 37,4 %. L’étude explore également les implications économiques de l’utilisation de sous-produits de transformation par rapport aux poissons entiers dans l’alimentation, révélant que le nFIFO s’améliore considérablement avec l’utilisation de sous-produits et est influencé par les fluctuations des prix de l’huile de poisson. En outre, la recherche souligne la nécessité de données précises sur les aliments en raison de la variabilité du contenu nutritionnel et fournit un outil Excel aux parties prenantes pour calculer efficacement les mesures nFIFO et FIFO.

Introduction

Les aliments aquatiques, principalement les poissons, les mollusques et les crustacés, ont toujours été essentiels à la sécurité alimentaire et à la nutrition mondiales. Ils sont la principale source d’acides gras polyinsaturés n-3 à longue chaîne, essentiels à la santé cérébrale et cardiovasculaire. Le phytoplancton marin synthétise ces acides gras, qui s’accumulent dans le réseau trophique marin, faisant des petits poissons gras comme les anchois et les sardines de riches sources pour la consommation humaine. Les poissons d’élevage, comme le saumon, peuvent également fournir ces nutriments s’ils sont nourris de manière appropriée. Cependant, il existe un débat concernant l’efficacité de l’utilisation d’ingrédients marins (IM) dans les aliments aquacoles, en particulier lorsque ces ingrédients proviennent d’espèces qui pourraient être consommées directement par les humains. Des études suggèrent que la rétention des nutriments est plus efficace lorsque les ressources marines sont consommées directement, mais une transformation est nécessaire pour utiliser les parties non comestibles du poisson.

L’industrie des ingrédients marins existait avant l’aquaculture moderne, avec des pics de production importants dans les années 1990. Cependant, la croissance rapide de l’aquaculture a soulevé des inquiétudes en matière de durabilité concernant l’approvisionnement limité en IM, qui sont largement utilisés dans l’aquaculture. Des problèmes tels que la variabilité climatique affectant les stocks de poissons et la concurrence pour les poissons de qualité alimentaire destinés à l’exportation compliquent la situation. Bien que de nombreuses pêcheries soient bien gérées, la demande d’aliments aquatiques augmente, ce qui entraîne des pressions économiques et environnementales.

Malgré la poussée en faveur de la consommation directe de petits poissons, le secteur des ingrédients marins reste crucial en raison de ses avantages nutritionnels dans les aliments pour le bétail. De nombreuses espèces de poissons destinées aux IM ne sont pas adaptées à la consommation humaine ou ont un faible attrait commercial. Il existe un potentiel pour augmenter les matières premières des ingrédients marins à partir des sous-produits de la transformation, mais des défis existent en termes de logistique et d’évolutivité du marché. Idéalement, le poisson de qualité alimentaire serait consommé directement, les sous-produits étant utilisés pour l’alimentation animale afin de maximiser la rétention des nutriments.

L’article vise à développer un outil de notation de la rétention des nutriments pour la production de saumon, appelé nFIFO, basé sur la métrique Fish In: Fish Out (FIFO). Alors que les métriques existantes se concentrent sur l’efficacité nutritionnelle générale, le nFIFO traitera spécifiquement de la rétention des nutriments des ingrédients marins dans l’aquaculture. Cet outil permettra de mesurer la rétention de nutriments clés comme les acides gras polyinsaturés à chaîne longue n-3, ce qui permettra d’effectuer des ajustements stratégiques dans les formulations d’aliments pour améliorer la nutrition des consommateurs. La mesure nFIFO pourrait potentiellement être appliquée à divers nutriments et espèces d’élevage, en fonction de la disponibilité des données.


Allocation économique et sous-produits en aquaculture

L’application des principes d’allocation économique dans le contexte de l’analyse du cycle de vie (ACV) pour la production d’aliments pour poissons, met en évidence l’importance des sous-produits de la transformation du poisson, tels que les parures et les abats, pour améliorer la durabilité et l’efficacité de l’aquaculture. Les résultats suggèrent qu’en utilisant ces sous-produits, l’impact environnemental des aliments pour poissons peut être atténué tout en fournissant des nutriments essentiels aux poissons d’élevage.

L’application de ces principes à l’évaluation de la production d’aliments pour poissons révèle le potentiel des sous-produits à jouer un rôle central dans l’amélioration de la durabilité de l’aquaculture. En utilisant les parures et les abats, l’industrie peut améliorer le ratio nFIFO, réduire les déchets et garantir que les poissons d’élevage reçoivent les nutriments nécessaires à une croissance saine. L’intégration des sous-produits de transformation dans les aliments pour poissons comme moyen de favoriser un secteur de l’aquaculture plus durable.

Test du modèle nFIFO : l’analyse de sensibilité

Pour évaluer la robustesse du modèle nFIFO en aquaculture, l’analyse a consisté à simuler deux scénarios distincts : le remplacement du poisson entier par des sous-produits et l’impact de la hausse des prix de l’huile de poisson. Les résultats indiquent des informations importantes sur la manière dont ces facteurs influencent la rétention des nutriments et la viabilité économique des pratiques aquacoles.

L’analyse de sensibilité démontre que le remplacement du poisson entier par des sous-produits et les fluctuations des prix de l’huile de poisson jouent tous deux un rôle crucial dans la détermination du ratio nFIFO. Ces résultats peuvent orienter les pratiques aquacoles futures vers des solutions plus durables et économiquement viables.

Implications pour la durabilité de l’aquaculture

Les implications du ratio nFIFO en aquaculture soulignent son rôle dans l’amélioration de la rétention des nutriments, en particulier pour les acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga-3 (AGPI-LC). En déplaçant l’attention de la biomasse vers les flux de nutriments, le ratio nFIFO fournit un cadre complet pour évaluer la durabilité de l’aquaculture. En outre, le document discute de l’importance de l’utilisation des sous-produits de transformation dans les aliments pour poissons, ce qui peut conduire à une réduction des déchets et à une meilleure rétention des nutriments, soutenant en fin de compte la durabilité des stocks de poissons sauvages.

L’introduction du ratio nFIFO offre un outil transformateur pour l’industrie de l’aquaculture, permettant une mesure plus nuancée de la rétention des nutriments. Ce ratio souligne l’importance des flux de nutriments, qui sont essentiels pour comprendre la durabilité des pratiques aquacoles. Comme le soulignent des études récentes, le taux de rétention actuel des principaux acides gras oméga-3 s’élève à environ 38 %. Il est urgent d’améliorer ce chiffre pour améliorer la qualité nutritionnelle des poissons d’élevage.

En outre, l’étude souligne le potentiel de transformation des sous-produits dans les aliments pour poissons. En maximisant l’utilisation de ces sous-produits, l’industrie aquacole peut réduire considérablement les déchets et améliorer la rétention des nutriments. Cette approche non seulement atténue la pression sur les stocks de poissons sauvages, mais s’aligne également sur des objectifs de durabilité plus larges. L’approche d’allocation économique intégrée dans le modèle nFIFO encourage l’adoption de pratiques d’économie circulaire, qui sont essentielles pour une aquaculture durable.

Le système de calcul développé dans le cadre de cette recherche sert d’outil pratique aux acteurs de l’aquaculture et aux décideurs politiques. Il fournit un cadre pour générer des pratiques qui conduisent à des impacts environnementaux plus faibles tout en garantissant la production de poissons d’élevage de haute qualité et riches en nutriments. En adoptant ces pratiques, l’industrie de l’aquaculture peut évoluer vers un avenir plus durable, bénéficiant à la fois à l’environnement et aux consommateurs.

Conclusion

Le ratio nFIFO marque une amélioration significative dans la mesure de l’efficacité de l’aquaculture en s’attaquant aux limites des ratios traditionnels FIFO (First In, First Out). Contrairement au FIFO, qui néglige souvent les complexités de la rétention des nutriments et de la durabilité, le ratio nFIFO cible spécifiquement la rétention des nutriments essentiels, offrant une évaluation plus précise des performances des systèmes aquacoles dans les pratiques durables.

Des études récentes soulignent le potentiel de l’utilisation des sous-produits de transformation pour augmenter la rétention des nutriments dans les aliments aquacoles. Cette stratégie améliore non seulement la qualité nutritionnelle des produits aquacoles, mais minimise également les déchets et réduit l’impact environnemental des opérations. Alors que les défis mondiaux tels que le changement climatique et la sécurité alimentaire s’intensifient, des outils comme le ratio nFIFO sont essentiels pour que l’industrie aquacole puisse répondre de manière durable aux demandes nutritionnelles croissantes de la population croissante tout en réduisant son empreinte écologique.

Source : Newton, R. W., Malcorps, W., Robinson, J. P., Kok, B., Little, D. C., Lofstedt, A., De Roos, B., & Willer, D. F. (2025). Fish as Feed: Using the nutrient Fish In: Fish Out ratio (nFIFO) to enhance nutrient retention in aquaculture. Aquaculture, 602, 742332. https://doi.org/10.1016/j.aquaculture.2025.742332