LA FAO A LA TETE D’UNE ACTION MONDIALE VISANT A RENFORCER L’AQUACULTURE AU SERVICE DE L’ALIMENTATION ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE
L’aquaculture a fait des pas de géant ces dernières décennies et les denrées qui en sont issues devraient répondre en grande partie à la demande toujours croissante de produits alimentaires aquatiques.
Le secteur a désormais besoin d’un ensemble actualisé de grands principes présidant à son expansion et à son intensification, qui passeront par l’adoption de technologies modernes, de sorte à en faire une filière respectueuse de l’environnement, socialement responsable, viable sur le plan économique et capable de répondre aux besoins des générations présentes et futures. Ce besoin est mis en évidence dans une série d’articles publiés cette semaine par d’éminents spécialistes du domaine, à la suite de la dernière Conférence mondiale sur l’aquaculture – Millénaire+20 tenue à Shanghai. Ces conférences mondiales qui ont lieu tous les dix ans sont organisées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses partenaires.
«Étant donné que l’aquaculture fournit aujourd’hui la moitié environ des produits alimentaires aquatiques, et compte tenu de la contribution qu’elle peut apporter à bon nombre des objectifs de développement durable des Nations Unies, il est fondamental d’axer notre action sur le développement durable de ce secteur», a expliqué M. Xinhua Yuan, Directeur adjoint de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO. «Le poisson et les autres produits aquatiques peuvent et vont jouer un rôle majeur dans la satisfaction des besoins alimentaires de tous: ils permettront d’améliorer la résilience du système alimentaire mondial tout en assurant la sécurité alimentaire des plus pauvres», a-t-il ajouté.
La publication de huit articles d’analyse thématiques dans le numéro spécial de la revue Journal of the World Aquaculture Society coïncide avec la tenue de la 12e session du Sous-Comité de l’aquaculture du Comité des pêches de la FAO, l’organe intergouvernemental qui aide l’Organisation à formuler des lignes de conduite relatives à l’aquaculture et aux pêches. L’un des grands points de l’ordre du jour de la session, organisée du 16 au 19 mai à Hermosillo (Mexique), est l’examen du nouveau projet de Directives pour une aquaculture durable. La publication de ces analyses thématiques fournit des éléments de contexte utiles à l’examen des Directives et plus généralement à la vision de la FAO en faveur d’une transformation bleue.
D’après M. Xinhua Yuan, l’objectif est de parvenir à une intensification et à une expansion durables de l’aquaculture, de façon à répondre à la demande mondiale d’aliments d’origine aquatique et à répartir équitablement les avantages qui en découlent, sans négliger les questions de responsabilité sociale, de pollution et d’autres enjeux.
Alors que bon nombre de nouvelles technologies capables d’accroître la productivité, de réduire les déchets et de renforcer la participation des petits acteurs du secteur sont aujourd’hui disponibles, elles doivent encore être mises à profit, en particulier hors d’Asie, et appliquées spécifiquement dans les zones où les perspectives de croissance du secteur aquacole sont les plus importantes, d’autant plus que les pratiques aquacoles émettent en moyenne moins de gaz à effet de serre que d’autres formes de production animale.
Les huit articles portent sur des dimensions essentielles de l’aquaculture, notamment les méthodes de production, les questions sociales et la santé de la planète, la nutrition, les ressources génétiques, la biosécurité, la gouvernance et l’élargissement de l’accès aux marchés.
Quelques messages clés
Dans un contexte de recherche de solutions plus efficaces, plus efficientes et plus intelligentes d’utilisation des océans pour en tirer de la nourriture, il convient de tenir compte du changement climatique dans la croissance de l’aquaculture. Il importera ainsi de favoriser l’élevage intégré d’espèces de niveau trophique inférieur (en particulier les algues marines et les mollusques bivalves et poissons-filtreurs).
Majoritairement pratiquée en Asie, l’aquaculture doit gagner davantage de territoires, au moyen d’une action immédiate visant à dynamiser son expansion en Afrique, en Amérique latine et dans les petits États insulaires en développement.
D’importants progrès sont à souligner dans l’amélioration de l’efficacité de l’alimentation animale et la réduction de l’utilisation d’ingrédients de source marine. Il faudra pousser plus loin l’innovation, en particulier en ce qui concerne une bonne partie des espèces élevées dans les pays en développement.
Les programmes de sélection visant à obtenir des types d’espèces aquatiques offrant de meilleurs rendements sont très sous-utilisés par rapport à l’agriculture terrestre, puisqu’ils ne représentent que 15 pour cent environ de la production.
Il convient de renforcer la biosécurité et de prendre des mesures de précaution en améliorant les systèmes d’alerte sanitaire, les données intégrées et les cadres réglementaires réduisant le risque de propagation des maladies épidémiques aquatiques.
On peut tirer parti des technologies numériques et électroniques pour remédier aux problèmes de sécurité sanitaire des aliments et améliorer les protocoles de certification, par exemple grâce à un système de traçabilité et au commerce en ligne, mais aussi pour élargir l’accès au marché.
Beaucoup de pays ont besoin d’élaborer et de mettre en œuvre un cadre législatif favorable à ce secteur sous l’égide d’une organisation responsable, ce qui permettrait de coordonner la mise en place de réglementations propices au développement durable tout en veillant à assurer le bien-être public, sans compromettre outre mesure la capacité des systèmes aquacoles à relever les défis environnementaux et sociaux.
Après s’être établie comme secteur économique majeur et source de produits alimentaires, l’aquaculture doit désormais prendre les devants en tenant compte des principes de responsabilité sociale et de bien-être humain à toutes les échelles, tant au niveau des travailleurs qu’à celui des communautés au sens large.
Alors que les exigences relatives à la certification de durabilité et à l’application de normes de travail décentes proviennent de l’extrémité de la chaîne d’approvisionnement, ce sont les producteurs, et notamment les petits aquaculteurs, qui doivent en porter la charge, et ce de façon disproportionnée. Il convient de définir et de mettre en place des dispositifs de redistribution équitable des coûts et des rentabilités entre producteurs et détaillants.
Quelques données factuelles
En 2021, on a obtenu quelque 126 millions de tonnes de produits aquacoles en poids vif, y compris des animaux aquatiques et des algues. La moitié environ de cette production se compose de poissons d’élevage.
On estime la valeur de la production au départ de l’exploitation à 296,5 milliards d’USD.
L’Asie représente plus de 90 pour cent de la production animale aquatique mondiale. À elles trois, l’Amérique, l’Europe et l’Afrique représentent 8,2 pour cent.
On dénombre quelque 700 espèces d’élevage dans le monde, mais la moitié environ de la production mondiale se limite à 12 espèces.